MICHEL-RICHARD DE LALANDE Leçons de Ténèbres. Miserere Sophie Karthäuser, Ensemble Correspondances, Sébastien Daucé
Lorsque Lalande quitte cette vallée de larmes, sa notoriété est à son apogée ; entre 1725 et 1730, il a été le musicien le plus programmé à Paris. On se presse pour entendre ses motets, notamment les trois Leçons de Ténèbres et le Miserere à voix seule destinés aux offices de la Semaine sainte. De nombreux compositeurs avaient déjà proposé leur vision des Leçons dans la France du Roi soleil, faisant de l’Office de Ténèbres un véritable événement mondain. Fidèle à cette esthétique, Lalande saura exploiter cet art de l’ambiguïté, tout en se détournant de la tradition." Commencées en fin de journée les mercredi, jeudi et vendredi de la semaine sainte, ces "lectures" nocturnes des Lamentations du prophète Jérémie constituaient un événement musical et mondain, dans une mise en scène très dramatisée. Dans l'obscurité de la chapelle, quinze cierges (symbolisant les douze apôtres et les trois Marie) s'éteignaient un à un, au fil des versets chantés. [...]
Pour s'acquitter de ces ornements richement festonnés, Sébastien Daucé a eu raison de s'adresser à Sophie Karthäuser, solistes familière des grands rôles mozartiens (Ilia, Suzanne, Pamina) comme des mélodies intimistes de Poulenc ou de Debussy. À la fois brillante et réservée, Sophie Karthäuser apporte toute la "grâce", toute la "légèreté" qu'exige Delalande pour ces passage d'une virtuosité périlleuse. Cette piété radieuse et grave s'accorde aux couleurs opulentes du modeste accompagnement réuni par l'ensemble Correspondances - un orgue régale (aux registres diaprés), deux basses de viole (aux vibrations ardentes), un luth et un théorbe (aux résonances vaporeuses). Petit couvert, mais grande cuisine. " Gilles Macassar, Télérama, 11 février 2015.
Artistes
- Soprano
- Direction