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1. Glaube, Hoffnung und Liebe D. 9551. Foi, espérance et amour D. 955
Christoph Kuffner (1780-1846)
Glaube, hoffe, liebe!Crois, espère, aime !
Hältst du treu an diesen dreien,Si tu t’en tiens à ces trois mots,
Wirst du nie dich selbst entzweien,Tu ne seras jamais divisé en toi-même,
Wird dein Himmel nimmer trübe.Ton ciel jamais ne sera sombre.
Glaube fest an Gott und Herz!Crois fermement en Dieu et en ton cœur !
Glaube schwebet himmelwärts.La foi t’entraîne vers le ciel.
Mehr noch, als im SternrevierPlus encore qu’aux champs des étoiles,
Lebt der Gott im Busen dir.C’est en ton sein qu’habite Dieu ;
Wenn auch Welt und Menschen lügen,Et si le monde, et si les hommes mentent,
Kann das Herz doch nimmer trügen.Jamais le cœur ne peut tromper.
Hoffe dir Unsterblichkeit,Espère l’immortalité,
Und hienieden bess’re Zeit!Et, ici-bas, des temps meilleurs !
Hoffnung ist ein schönes Licht,L’espoir est un feu rayonnant
Und erhellt den Weg der Pflicht.Qui éclaire la voie du devoir.
Hoffe, aber fordre nimmer!Espère, mais ne demande jamais !
Tag wird mählig, was erst Schimmer.Le jour naît peu à peu des clartés de l’aurore.
Edel liebe, fest und rein!Aime d’un noble amour, constant et pur !
Ohne Liebe bist du Stein.Sans amour tu n’es que pierre.
Liebe läutre dein Gefühl,Que l’amour purifie tes sentiments,
Liebe leite dich ans Ziel!Que l’amour te conduise au but !
Soll das Leben glücklich blühen,Si la vie doit fleurir dans la joie,
Muß der Liebe Sonne glühen.Il faut que le soleil de l’amour resplendisse.
Willst du nie dich selbst entzweien,Si tu ne veux jamais être en toi divisé,
Halte treu an diesen dreien!À ces trois mots reste fidèle !
Daß nichts deinen Himmel trübe:Afin que rien, jamais, n’assombrisse ton ciel :
Glaube, hoffe, liebe!Crois, espère, aime !
2. Sehnsucht D. 6362. Désir D. 636
Friedrich von Schiller (1759-1805)
Ach, aus dieses Tales Gründen,Ah, si du fond de cette vallée,
Die der kalte Nebel drückt,Où pèse un nuage glacé,
Könn‘t ich doch den Ausgang finden,Une issue je pouvais trouver,
Ach wie fühlt ich mich beglückt.Ah, quelle serait ma joie !
Dort erblick‘ ich schöne Hügel,J’aperçois là-bas de belles collines,
Ewig jung und ewig grün!Toujours fraîches et toujours vertes !
Hätt‘ ich Schwingen, hätt ich Flügel,Si j’avais des ailes, si je pouvais voler,
Nach den Hügeln zög‘ ich hin.Vers ces collines, je m’élancerais.
Harmonien hör‘ ich klingen,J’entends résonner des harmonies,
Töne süßer Himmelsruh,Les doux sons du calme céleste,
Und die leichten Winde bringenQue les vents légers m’apportent
Mir der Düfte Balsam zu,Comme des parfums enchantés.
Gold‘ne Früchte seh ich glühen,Je vois briller les fruits dorés,
Winkend zwischen dunkelm Laub,Luisant sous le sombre feuillage
Und die Blumen, die dort blühen,Et les fleurs, qui fleurissent là-bas,
Werden keines Winters Raub.D’aucun hiver ne sont la proie.
Ach wie schön muß sich‘s ergehenAh, que la vie doit sembler belle
Dort im ew[‘]gen Sonnenschein,Là-bas sous le soleil éternel,
Und die Luft auf jenen Höhen,Et que l’air de tous ces sommets
O wie labend muß sie sein!Doit être léger à respirer !
Doch mir wehrt des Stromes Toben,Mais la furie d’un torrent m’en sépare,
Der ergrimmt dazwischen braust,Son grondement entre nous s’élève,
Seine Wellen sind gehoben,Ses lames se soulèvent
Daß die Seele mir ergraust.À m’en épouvanter l’âme.
Einen Nachen seh ich schwanken,Je vois une nacelle sur l’onde se balancer
Aber ach! der Fährmann fehlt.Mais hélas, elle est sans batelier.
Frisch hinein und ohne Wanken,Avec courage et sans hésiter,
Seine Segel sind beseelt.Les voiles sont gonflées.
Du mußt glauben, du mußt wagen,Il faut croire, il faut oser,
Denn die Götter leih‘n kein Pfand,Car les dieux ne sont garants de rien,
Nur ein Wunder kann dich tragenSeul un miracle peut te porter
In das schöne Wunderland.Vers le beau pays enchanté.
3. An den Mond in einer Herbstnacht D. 6143. À la lune, par une nuit d’automne D. 614
Aloys Wilhelm Schreiber (1761-1841)
Freundlich ist dein Antlitz,Amicale est ta face,
Sohn des Himmels, freundlich!Fille du ciel !
Leis sind deine TritteLégers sont tes pas
Durch des Äthers Wüste,À travers les solitudes célestes,
Holder Nachtgefährte!Charmante compagne de la nuit !
Dein Schimmer ist sanft und erquickend,Ton éclat est doux et réconfortant,
Wie das Wort des TrostesComme une parole de consolation
Von des Freundes Lippe,Venue des lèvres de l’ami,
Wenn ein schrecklicher GeierLorsqu’un affreux vautour
An der Seele nagt.Vient ronger l’âme.
Manche Träne siehst du,Tu vois bien des larmes
Siehst so manches Lächeln,Et bien des sourires aussi,
Hörst der Liebe trauliches Geflüster,Tu entends le murmure secret des amants,
Leuchtest ihr auf stillem Pfade,Tu éclaires leurs pas sur la sente muette,
Hoffnung schwebt auf deinem StrahleL’espoir flotte sur tes rayons
Herab zum stillen Dulder,Et descend sur celui qui souffre sans rien dire
Der verlassen gehtEt va, abandonné,
Auf bedorntem Weg.Sur son chemin d’épines.
Du siehst auch meine Freunde,Tu vois aussi mes amis
Zerstreut in fernen Landen;Dispersés en terres lointaines ;
Du gießest deinen SchimmerTu verses ta clarté
Auch auf die frohen Hügel,Sur les tertres joyeux
Wo ich oft als Knabe hüpfte,Où j’aimais à bondir lorsque j’étais enfant,
Wo oft bei deinem LächelnOù, bien souvent, à ton sourire,
Ein unbekanntes SehnenUn désir inconnu
Mein junges Herz ergriff.S’emparait de mon jeune cœur.
Du blickst auch auf die Stätte,Tu contemples aussi les lieux
Wo meine Lieben ruhn,Où dorment ceux qui me sont chers,
Wo der Tau fällt auf ihr Grab,Où la rosée se pose sur leurs tombes,
Und die Gräser drüber wehnOù l’herbe se balance
In dem Abendhauche.Dans la brise du soir.
Doch dein Schimmer dringt nichtEt pourtant ton éclat ne pénètre jamais
In die dunkle Kammer,Dans ces chambres obscures
Wo sie ruhen von des Lebens Müh’n,Où ils se reposent des fatigues de la vie,
Wo auch ich bald ruhen werde!Où moi aussi, bientôt, j’irai me reposer !
Du wirst geh’n und wiederkehren,Tu iras, reviendras,
Du wirst seh’n noch manches Lächeln;Et tu verras encore maints sourires,
Dann werd’ ich nicht mehr lächeln,Mais moi, je ne sourirai plus,
Dann werd’ ich nicht mehr weinen.Mais moi, je ne pleurerai plus,
Mein wird man nicht mehr gedenkenEt personne de moi n’aura de souvenir
Auf dieser schönen Erde.Sur cette belle terre.
4. Lied eines Schiffers an die Dioskuren D. 3604. Chant d’un nautonier aux Dioscures D. 360
Johann Mayrhofer (1787-1836)
Dioskuren, Zwillingssterne,Dioscures, étoiles jumelles,
Die ihr leuchtet meinem Nachen,Vous qui éclairez ma nacelle,
Mich beruhigt auf dem MeereJe sens bien sur la mer immense
Eure Milde, euer Wachen.L’effet de votre vigilance.
Wer auch fest in sich begründet,Celui-là qui, d’un cœur constant,
Unverzagt dem Sturm begegnet,Sait affronter les éléments,
Fühlt sich doch in euren StrahlenIl se sent dans votre clarté
Doppelt mutig und gesegnet.Encore deux fois mieux protégé.
Dieses Ruder, das ich schwinge,Cet aviron qui va fendant
Meeresfluten zu zerteilen,Les flots amers de l’océan,
Hänge ich, so ich geborgen,Quand au port je serai rentré
Auf an eures Tempels Säulen,Aussitôt je vous l’offrirai,
Dioskuren, Zwillingssterne.Dioscures, étoiles jumelles.
5. Totengräbers Heimweh D. 8425. La Mélancolie du fossoyeur D. 842
Jakob Nikolaus Craigher de Jachelutta
O Menschheit, o Leben!Être un homme, vivre –
Was soll’s? o was soll’s?À quoi bon, oui, pourquoi ?
Grabe aus, scharre zu!Toujours creuser, enfouir,
Tag und Nacht keine Ruh!Sans répit ni jour ni nuit !
Das Drängen, das Treiben,Toujours s’agiter, se hâter,
Wohin? o wohin?Pour aller où, pour où aller ?
“Ins Grab, tief hinab!”“Dans la tombe, au fond du trou !”
O Schicksal, o traurige Pflicht,Ô destinée, devoir amer !
Ich trag’s länger nicht!Je n’en puis plus.
Wann wirst du mir schlagen,Quand sonnera enfin
O Stunde der Ruh?L’heure de mon repos ?
O Tod! komm und drückeÔ mort ! viens me fermer
Die Augen mir zu!Les yeux !
Im Leben, da ist’s ach! so schwül!Dans la vie, las, il fait si lourd !
Im Grabe so friedlich, so kühl!On trouve dans la tombe la fraîcheur et la paix.
Doch ach! wer legt mich hinein?Mais qui pourra m’y déposer ?
Ich stehe allein, so ganz allein!Je suis seul, si terriblement seul !
Von allen verlassen,Abandonné de tous,
Dem Tod nur verwandt,Frère de la seule mort,
Verweil ich am Rande,Une croix à la main,
Das Kreuz in der Hand,Je reste sur le bord
Und starre mit sehnendem Blick,Dirigeant vers l’abîme un œil plein de désir.
Hinab ins tiefe Grab!Descendre au fond, au fond du trou !
O Heimat des Friedens,Ô patrie de la paix,
Der Seligen Land,Séjour des bienheureux
An dich knüpft die SeeleQu’à notre âme relie
Ein magisches Band.Comme un lien enchanté,
Du winkst mir von ferne,Ô lumière éternelle,
Du ewiges Licht,De loin tu me fais signe ;
Es schwinden die Sterne,Les étoiles pâlissent,
Das Auge schon bricht!Mon œil déjà se voile,
Ich sinke, ich sinke, ihr Lieben, ich komme!Je tombe, je tombe, ô mes amis, je m’en viens !
6. Der blinde Knabe D. 8336. L’Enfant aveugle D. 833
Jakob Nikolaus Craigher de Jachelutta (1797-1855)
O sagt, ihr Lieben, mir einmal,Ô vous que j’aime, dites-moi,
Welch Ding ist’s, Licht genannt?Ce que vous appelez lumière, qu’est-ce donc ?
Was sind des Sehens Freuden all’,Et quels sont ces plaisirs à la vue réservés,
Die niemals ich gekannt?Et que je n’ai jamais connus ?
Die Sonne, die so hell ihr seht,Le soleil dont vos yeux contemplent la clarté,
Mir Armen scheint sie nie;Pour moi, hélas, jamais ne brille ;
Ihr sagt, sie auf- und niedergeht,Vous dites qu’il se lève et qu’au soir il se couche,
Ich weiß nicht, wann noch wie.Je ne sais ni quand ni comment.
Ich mach’ mir selbst so Tag wie Nacht,J’invente pour moi-même et le jour et la nuit,
Dieweil ich schlaf’ und spiel’,Lorsque je dors ou que je joue,
Mein inn’res Leben schön mir lacht,Ma vie, enfouie en moi, tendrement me sourit,
Ich hab’ der Freuden viel.Et je connais des joies sans nombre.
Zwar kenn’ ich nicht, was euch erfreut,Ce qui vous réjouit, sans doute je l’ignore,
Doch drückt mich keine Schuld,Nulle faute pourtant ne pèse sur mon cœur ;
Drum freu’ ich mich in meinem LeidAussi, dans mon malheur, puis-je me dire heureux,
Und trag’ es mit Geduld.Et je l’endure avec patience.
Ich bin so glücklich, bin so reichHeureux je suis, et riche immensément,
Mit dem, was Gott mir gab,De tout ce que Dieu m’a donné,
Bin wie ein König froh, obgleichComme un roi j’ai le cœur plein de joie, et pourtant
Ein armer, blinder Knab’.Je suis un pauvre enfant aveugle.
7. Erlkönig D. 3287. Le Roi des Aulnes D. 328
Johann Wolfgang von Goethe
Wer reitet so spät durch Nacht und Wind?Qui chevauche si tard par la nuit et le vent ?
Es ist der Vater mit seinem Kind;C’est le père avec son enfant ;
Er hat den Knaben wohl in dem Arm,Il le serre fort sous son bras,
Er faßt ihn sicher, er hält ihn warm.Il le tient ferme, il le réchauffe.
„Mein Sohn, was birgst du so bang dein Gesicht?“ –“Mon fils, pourquoi tremblant caches-tu ton visage ?
„Siehst, Vater, du den Erlkönig nicht?– Ne vois-tu pas, père, le Roi des Aulnes ?
Den Erlenkönig mit Kron’ und Schweif?“ –Le Roi des Aulnes avec sa couronne et sa traîne ?
„Mein Sohn, es ist ein Nebelstreif.“ –– Mon fils, c’est un banc de brouillard.”
„Du liebes Kind, komm, geh mit mir!“Mon cher enfant, viens donc, suis-moi,
Gar schöne Spiele spiel ich mit dir;À de bien jolis jeux je jouerai avec toi ;
Manch bunte Blumen sind an dem Strand,Maintes fleurs bigarrées ont éclos sur la berge,
Meine Mutter hat manch gülden Gewand. “Et ma mère a foison de beaux habits dorés.”
„Mein Vater, mein Vater, und hörest du nicht,“Mon père, mon père, n’entends-tu donc pas
Was Erlenkönig mir leise verspricht?“ –Ce que le Roi des Aulnes me promet à voix basse ?
„Sei ruhig, bleibe ruhig, mein Kind;– Ne crains rien, sois tranquille, mon fils,
In dürren Blättern säuselt der Wind.“ –C’est le vent qui frémit dans les feuillages morts.”
„Willst, feiner Knabe, du mit mir gehn?“Veux-tu, charmant enfant, t’en aller avec moi ?
Meine Töchter sollen dich warten schön,Mes filles tendrement s’occuperont de toi,
Meine Töchter führen den nächtlichen ReihnElles mènent au soir leurs nocturnes cortèges
Und wiegen und tanzen und singen dich ein.“Et sauront te bercer par leur danse et leur chant.”
„Mein Vater, mein Vater, und siehst du nicht dort“Mon père, mon père, ne vois-tu donc pas,
Erlkönigs Töchter am düstern Ort?“ –Là, dans l’obscurité, la troupe de ses filles ?
„Mein Sohn, mein Sohn, ich seh es genau,– Mon fils, mon fils, je le vois bien,
Es scheinen die alten Weiden so grau.“ –Les vieux saules semblent si gris.”
„Ich liebe dich, mich reizt deine schöne Gestalt,“Je t’aime, ta beauté fait mon ravissement,
Und bist du nicht willig, so brauch ich Gewalt. “Si tu ne consens pas, j’userai de la force.
„Mein Vater, mein Vater, jetzt faßt er mich an!– Mon père, mon père, voilà qu’il me tient !
Erlkönig hat mir ein Leids getan!“Le Roi des Aulnes m’a fait du mal !”
Dem Vater grauset’s, er reitet geschwind,Le père frémit, presse sa monture,
Er hält in Armen das ächzende Kind,Il tient dans ses bras l’enfant qui gémit,
Erreicht den Hof mit Mühe und Not;À grand peine enfin il parvient au port :
In seinen Armen das Kind war tot!Dans ses bras l’enfant était mort !
8. Litanei auf das Fest Allerseelen D. 3438. Litanie pour la fête de tous les Saints D. 343
Johann Georg Jacobi (1740-1814)
Ruh‘n in Frieden alle Seelen,Reposez en paix, pauvres âmes,
Die vollbracht ein banges Quälen,Qui avez accompli ce chemin de douleur,
Die vollendet süßen Traum,Qui de votre doux rêve avez touché le terme,
Lebenssatt, geboren kaum,Lasses de vivre, à peine nées,
Aus der Welt hinüberschieden:Vous qui avez quitté ce monde,
Alle Seelen ruhn in Frieden!Vous toutes, reposez en paix !
Liebevoller Mädchen Seelen,Âmes de tendres jeunes filles
Deren Tränen nicht zu zählen,Qui avez tant et tant pleuré,
Die ein falscher Freund verließ,Qu’un amant fourbe a délaissées,
Und die blinde Welt verstieß:Qu’un monde aveugle a rejetées,
Alle, die von hinnen schieden,Vous qui avez quitté la terre,
Alle Seelen ruhn in Frieden!Vous toutes, reposez en paix !
Und die nie der Sonne lachten,Et vous, qui au soleil n’avez jamais souri,
Unterm Mond auf Dornen wachten,Sous la lune veillant, sur vos couches d’épines,
Gott, im reinen Himmelslicht,Afin de voir, nimbé d’un pur éclat céleste,
Einst zu sehn von Angesicht:Un jour le visage de Dieu,
Alle, die von hinnen schieden,Vous qui avez quitté ce monde,
Alle Seelen ruhn in Frieden!Vous toutes, reposez en paix !
9. Rastlose Liebe D. 1389. Amour sans trêve D. 138
Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832)
Dem Schnee, dem Regen,Contre neige, contre pluie,
Dem Wind entgegen,Contre le vent,
Im Dampf der Klüfte,Dans la vapeur des gouffres
Durch Nebeldüfte,Et les brouillards épais,
Immer zu! Immer zu!En avant, en avant,
Ohne Rast und Ruh!Sans trêve ni repos !
Lieber durch LeidenÀ travers les souffrances
Wollt‘ich mich schlagen,Ah, me perdre plutôt,
Als so viel FreudenQue d’un trop-plein de joie
Des Lebens ertragen.Supporter le fardeau.
Alle das NeigenLe lien qui à un cœur
Von Herzen zu Herzen,Unit un autre cœur,
Ach, wie so eigenAh, comme il fait souffrir
Schaffet das Schmerzen!D’une douleur étrange !
Wie soll ich fliehen?Où puis-je fuir ?
Wälderwärts ziehen?Là-bas, dans les forêts ?
Alles vergebens!Mais à quoi bon !
Krone des Lebens,Car tu es, ô amour,
Glück ohne Ruh,Couronne de la vie,
Liebe, bist du!Bonheur sans trêve !
10. Der Zwerg D. 77110. Le Nain D. 771
Matthäus von Collin (1779-1824)
Im trüben Licht verschwinden schon die Berge,Dans la brume du soir où s’estompent les cimes,
Es schwebt das Schiff auf glatten Meereswogen,Le navire s’en va sur l’océan paisible,
Worauf die Königin mit ihrem Zwerge.Portant la reine avec son nain.
Sie schaut empor zum hochgewölbten Bogen,Elle lève les yeux vers la voûte céleste,
Hinauf zur lichtdurchwirkten blauen Ferne,Vers cet azur lointain ponctué de lumière
Die mit der Milch des Himmels blass durchzogen.Que traverse la voie lactée.
„Nie, nie, habt ihr mir gelogen noch, ihr Sterne,“Astres, jamais encor vous ne m’avez menti,
So ruft sie aus, bald werd ich nun entschwinden,S’écrie-t-elle, bientôt je vais mourir ici,
Ihr sagt es mir; doch sterb ich wahrlich gerne.“Mais j’accepte votre verdict.”
Da tritt der Zwerg zur Königin, mag bindenLe nain s’approche alors de la reine, et il noue
Um ihren Hals die Schnur von roter Seide,Autour de son cou blanc un cordon de soie rouge,
Und weint, als wollt‘ er schnell vor Gram erblinden.Presque aveuglé par son chagrin.
Er spricht: „Du selbst bist schuld an diesem Leide,Il dit : “Tu as causé toi-même ton malheur,
Weil um den König du mich hast verlassen;Lorsque tu me quittas pour épouser le roi.
Jetzt weckt dein Sterben einzig mir noch Freude.Ta mort aujourd’hui fait ma joie.
Zwar wird‘ ich ewiglich mich selber hassen,Je me détesterai dans les siècles des siècles,
Der dir mit dieser Hand den Tod gegeben,Pour t’avoir infligé la mort de cette main.
Doch mußt zum frühen Grab du nun erblassen.“Mais la tombe attend désormais.”
Sie legt die Hand aufs Herz voll jungem Leben,Portant la main au cœur où palpite la vie,
Und aus dem Aug‘ die schweren Tränen rinnen,Elle laisse tomber bien des larmes amères
Das sie zum Himmel betend will erheben.De son œil tourné vers le ciel.
„Mögst du nicht Schmerz durch meinen Tod gewinnen!““Puisse ma mort ne te causer nulle douleur”,
Sie sagt’s; da küßt der Zwerg die bleichen Wangen,Dit-elle, alors le nain baise ses joues livides,
D‘rauf alsobald vergehen ihr die Sinnen.Elle perd aussitôt conscience.
Der Zwerg schaut an die Frau vom Tod befangen,Baissant les yeux sur celle que la mort a ravie,
Er senkt sie tief ins Meer mit eig‘nen Handen,Il va la déposer dans la mer profonde,
Ihm brennt nach ihr das Herz so voll Verlangen.Avec son cœur brûlant plein de désir pour elle.
An keiner Küste wird er je mehr landen.Jamais à nul rivage il n’accostera plus.
11. Des Fischers Liebesglück D. 93311. Le Pêcheur heureux en amour D. 933
Karl Gottfried von Leitner (1800-1890)
Dort blinketDu lointain scintille
Durch Weiden und winketEt cille au-dessus de la prairie
Ein SchimmerUne pâle lueur
Blaßstrahlig vom ZimmerQui, de la chambre de ma mie,
Der Holden mir zu.Vient à moi.
Es gaukeltElle danse,
Wie Irrlicht und schaukelt,Folâtre et volette,
Sich leiseDoucement
Sein Abglanz im KreiseSe balance sur le miroir
Des schwankenden Sees.Mouvant du lac.
Ich schaueJe regarde,
Mit Sehnen ins BlaueAmoureux, le bleu
Der WellenDe l’onde
Und grüße den hellenEt salue le clair
Gespiegelten Strahl.Et miroitant reflet.
Und springeEt je saute
Zum Ruder und schwingeSur ma rame et guide
Den NachenMa nacelle
Dahin auf dem flachen,Vers ce chemin fugace
Kristallenen Weg.De cristal.
Fein LiebchenLa bien-aimée
Schleicht traulich vom StübchenHors de la chambre
HerunterDoucement s’est glissée
Und sputet sich munterEt se hâte à pas légers
Zu mir in das Boot.De me rejoindre dans la barque.
GelindeDoucement
Dann treiben die WindeLes vents nous entraînent
Uns wiederTous deux
See-einwärts zum FliederDu milieu du lac
Des Ufers hin dann.Vers les lilas de la rive.
Die blassenLes pâles brumes
Nachtnebel umfassenDe la nuit protectrice
Mit HüllenNous enveloppent
Vor Spähern den stillen,Et dissimulent
Unschuldigen Scherz.Nos jeux paisibles et innocents.
Und tauschenNous échangeons
Wir Küsse, so rauschenNos baisers et le bruissement
Die Wellen,Des eaux qui ondoient
Im Sinken und SchwellenCouvre notre présence
Den Horchern zum Trotz.Aux oreilles à l’aguet.
Nur SterneSeuls les astres
Belauschen uns ferneNous épient au loin
Und badenEt se baignent
Tief unter den PfadenAu plus profond du sillage
Des gleitenden Kahns.De la barque qui roule.
So schwebenNous voguons ainsi
Wir selig, umgebenBienheureux, enfouis
Vom Dunkel,Dans l’obscurité, loin au-dessus
Hoch überm GefunkelDu reflet scintillant
Der Sterne einher.Des étoiles.
Und weinenNous pleurons,
Und lächeln und meinen,Nous sourions et songeons,
EnthobenIl nous semble
Der Erde, schon oben,Avoir quitté la terre
Schon drüben zu sein.Et déjà être là-bas.
12. Auf dem Wasser zu singen D. 77412. À chanter sur l’eau D. 774
Friedrich Leopold zu Stolberg-Stolberg (1750-1819)
Mitten im Schimmer der spiegelnden WellenVoguant sur le miroir des chatoyantes vagues
Gleitet, wie Schwäne, der wankende Kahn;Tel un grand cygne blanc se balance la voile ;
Ach, auf der Freude Sanft schimmernden WellenLa joie, onde paisible et miroitante vague,
Gleitet die Seele dahin wie der Kahn;Porte l’âme glissant qui va telle la voile.
Denn von dem Himmel herab auf die WellenCar descendant du ciel sur la moire des vagues,
Tanzet das Abendrot rund um den Kahn.Le reflet du couchant danse autour de la voile.
Über den Wipfeln des westlichen HainesJouant vers le ponant au-dessus des charmilles,
Winket uns freundlich der rötliche Schein,Le soleil nous salue dans le ciel qui rougeoie ;
Unter den Zweigen des östlichen HainesJouant vers le levant sous l’aimable charmille,
Säuselt der Kalmus im rötlichen Schein;Le jonc jase en douceur sous le ciel qui rougeoie.
Freude des Himmels und Ruhe des HainesLa joie du paradis et la paix des charmilles,
Atmet die Seel im errötenden Schein.Font vibrer notre cœur sous le ciel qui rougeoie.
Ach, es entschwindet mit tauigem FlügelLas, lourd de la rosée qui humecte son aile,
Mir auf den wiegenden Wellen die Zeit.Dessus l’onde apaisée, il s’est enfui, le temps.
Morgen entschwindet mit schimmerndem FlügelPuisse me fuir demain la nacre de son aile
Wieder wie gestern und heute die Zeit,Tel qu’hier et ce jour m’a échappé le temps.
Bis ich auf höherem strahlendem FlügelJusqu’au soir où, porté par une puissante aile,
Selber entschwinde der wechselnden Zeit.J’échapperai moi-même aux caprices du temps.
13. Nacht und Träume D. 82713. Nuit et rêves D. 827
Matthäus von Collin
Heil’ge Nacht, du sinkest nieder;Nuit sacrée, sur nous tu descends,
Nieder wallen auch die Träume,Avec toi descendent les songes,
Wie dein Mondlicht durch die Räume,Comme parmi les airs fait ton rayon de lune,
Durch der Menschen stille Brust.Dans le cœur silencieux des hommes.
Die belauschen sie mit Lust;Ils écoutent, heureux, ce que disent les rêves,
Rufen, wenn der Tag erwacht:Et s’écrient, quand paraît le jour :
Kehre wieder, heil’ge Nacht!Reviens, ô nuit sacrée,
Holde Träume, kehret wieder!Songes charmants, oh ! revenez !
14. Abschied D. 47514. Adieu D. 475
Johann Mayrhofer
Über die Berge zieht ihr fort,Par-delà les sommets vous suivez votre route,
Kommt an manchen grünen Ort;Et vos pas fouleront tant de vertes prairies ;
Muß zurücke ganz allein,Je dois tout seul m’en retourner,
Lebet wohl! es muß so sein.Adieu donc, il le faut.
Scheiden, meiden, was man liebt,Partir, quitter ce que l’on aime,
Ach wie wird das Herz betrübt!Ah ! pour un cœur quelle souffrance !
O Seenspiegel, Wald und Hügel schwinden all‘;Lacs miroitants, forêts, collines disparaissent ;
Hör’ verschwimmen eurer Stimmen Widerhall.Et l’écho de vos voix dans le lointain se perd.
Lebt wohl! klingt klagevoll,Adieu ! En ce seul mot que de tristesse,
Ach wie wird das Herz betrübt,Quelle souffrance pour un cœur ;
Scheiden, meiden was man liebt;Partir, quitter ce que l’on aime ;
Lebt wohl! klingt klagevoll.Adieu ! en ce seul mot que de tristesse.
15. Abschied von der Erde D. 82915. Adieu à la terre D. 829
Adolf Pratobevera von Wiesborn (1806-1875)
Leb’ wohl du schöne Erde!Adieu, terre si belle !
Kann dich erst jetzt verstehn‘,Ce n’est que maintenant que je puis te comprendre,
Wo Freude und wo KummerQuand la joie et la peine
An uns vorüber weh‘n!Se sont évanouies !
Leb’ wohl du Meister KummerAdieu, Maître Chagrin,
Dank’ dir mit nassem Blick,Oui, je te remercie, les yeux baignés de larmes,
Mit mir nehm’ ich die FreudeMais j’emporte avec moi la joie
Dich – lass’ ich hier zurück.Et te laisse derrière moi.
Sei nur ein milder LehrerSois un maître clément,
Führ’ alle hin zu Gott,Mène chacun vers Dieu,
Zeig’ in den trübsten Nächten,Et fais, dans les nuits les plus sombres,
Ein Streiflein Morgenroth!Luire un petit rayon d’aurore !
Lasse sie Liebe ahnen –Fais-leur sentir l’amour,
So danken sie dir noch,Ils te remercieront,
Der früher und der späterTôt ou tard en pleurant
Sie danken weinend doch!Ils te remercieront.
Dann glänzt das Leben heiter,Alors la vie resplendira,
Mild lächelt jeder SchmerzEt toute peine sourira,
Die Freude hält umfangenLa joie tiendra en son étreinte
Das ruh’ge klare Herz!Les cœurs paisibles et purs.
Traduction : Michel Chasteau
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